La signature, le 11 novembre dernier, de l’Accord cadre, acte officiel d’organisation de la 34è Coupe d’Afrique des Nations, est loin d’être un événement anodin pour le Président du COCAN. Dans cet entretien, il aborde plusieurs autres sujets d’importance : les équipements sportifs, hôteliers, routiers, etc. Inquiet ? Pas du tout !

Depuis le 10 août, un nouveau décret régit le fonctionnement du COCAN. Qu’en dites-vous ?

Ce décret est le troisième depuis la création du COCAN. Pour rappel, le Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations a été mis en place en 2017. Et en 2018, il y a eu un premier décret qui permettait à ce Comité d’organisation de fonctionner. En 2021, nous en avons eu un deuxième, qui, au regard de l’expérience, permettait de corriger certaines imperfections et assurait un meilleur fonctionnement.

Entre temps, une nouvelle équipe s’est installée à la CAF. Le

Président Patrice Motsepe a succédé au Président Ahmad Ahmad et a réaménagé le fonctionnement du Comité d’organisation. Le Premier ministre a ainsi proposé au Président de la République un nouveau décret qui a été signé le 10 août 2022.

La seule innovation  est que le nombre de Commissions passe de 13 à 9 et que désormais, c’est le Premier ministre qui signe les arrêtés de nomination à la place du ministre en charge des Sports. Ce décret intervient, non seulement au moment où la compétition a été reportée de juin-juillet 2023 à janvier-février 2024.

Qu’est-ce qui justifie cette réduction du nombre des Commissions ?

Au niveau de la CAF, il nous a été signalé qu’il fallait adapter le modèle ivoirien à celui de la Confédération africaine de football, car en son sein, ce sont neuf Commissions qui ont été mises en place pour pouvoir accompagner la Côte d’Ivoire dans l’organisation de cette CAN. Donc, il fallait des interfaces qui correspondent effectivement  au nombre de Commissions mises en place au niveau de la CAF.

Ces Commissions prennent-elles en compte toutes les facettes de l’organisation ?

Dans le nouveau décret, il y a un article qui permet au Président du COCAN de créer des Commissions ad hoc. Effectivement, nous avons remarqué que dans les neuf Commissions, les parties culturelle, touristique, mobilisation et hébergement n’étaient pas prises en compte en tant que telles. Ces secteurs qui nous paraissent très importants pour la réussite de l’organisation n’ont pas une autonomie de fonctionnement dans les neuf Commissions. Donc, il nous appartient, avec l’accord du Premier ministre, de créer ces Commissions ad hoc qui vont venir compléter et multiplier les chances de succès de l’organisation.

Vous avez conduit récemment une mission du COCAN au siège de la CAF. De quoi a-t-il été question ?

Dès notre nomination au mois de mars 2021, nous avions nous-mêmes écrit à la CAF pour solliciter une séance de travail avec la faîtière du football africain à qui appartient l’événement.

Mais pour diverses raisons, cela n’a pas eu lieu et à la faveur de la signature de l’Accord-pays et de la Lettre de confirmation, la Confédération africaine de football a jugé utile que nous puissions nous retrouver à son siège, au Caire, afin de travailler sur le modèle de fonctionnement mis en place.

Cela a permis, à chaque Commission, de faire un exposé de ses attributions, de parler du travail qui y a été qui a été réalisé depuis 2017 et de préciser les perspectives.

De son côté, la Confédération africaine de football nous a fait part de ses attentes, de l’expérience acquise au cours des précédentes éditions et de ce qu’elle voulait afin que nous puissions travailler en synergie.

Le 11 novembre, l’Accord-pays a été signé concernant l’organisation de la compétition. Est-ce un soulagement ?

Plus qu’un soulagement, c’est un gage de succès. Lors des autres éditions, la signature d’un document intervenait généralement trois (3) à six(6) mois avant la compétition. Chez nous, elle intervient plus d’un an avant. C’est l’occasion pour nous de remercier le Premier ministre qui assure la tutelle du COCAN, qui a mené ces négociations. Evidemment, nous étions partie prenante de toutes ces équipes, mais c’est lui qui a supervisé ces négociations qui ont abouti très rapidement à la signature de ces Accords.

Avant d’y arriver, il fallait que le gouvernement signe les lettres de garantie. Les départements ministériels qui sont impliqués dans l’organisation, tels que les ministères en charge du Tourisme, des Finances, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, devaient signer les lettres de garantie qui prouvent à la Confédération africaine de football que la Côte d’Ivoire s’engage véritablement et est prête à s’impliquer totalement dans l’organisation. Ce sont ces lettres de garantie, signées, qui ont ouvert la route pour la signature de l’Accord-pays et de la Lettre de confirmation.

Les nouveaux Présidents des Commissions ont été installés le mardi 22 novembre dernier. Qu’attendez-vous d’eux ?

Le COCAN travaille depuis 2017. Nous-mêmes, nous avons succédé au Président Feh Kessé qui avait accompli un travail de pionnier. Son équipe était la toute première, qui a déblayé le terrain, tracé les sillons ; ce qui a été fait. Nous, nous avons travaillé dans la continuité.

Aujourd’hui, une nouvelle équipe arrive. Selon les directives et les recommandations de la CAF et en tenant compte des attentes du gouvernement ivoirien, nous attendons de ces nouveaux responsables qu’ils puissent, dans la continuité, nous amener jusqu’à la compétition en réalisant les objectifs fixés par la CAF mais également en  respectant le sentiment national de la Côte d’Ivoire pour qu’en montrant notre spécificité, cette Coupe soit une Coupe d’Afrique, avec une organisation typiquement ivoirienne.

Aujourd’hui, tout est réuni pour l’organisation de la compétition. Avez-vous quelques craintes néanmoins au niveau des dispositions à prendre, en matière d’infrastructures sportives et hôtelières, notamment?

Non… Quand nous sommes arrivés en 2021, nous avons effectué une tournée de toutes les installations dans les cinq (5) villes qui doivent accueillir les différents groupes. Et c’est vrai, il y avait quelques inquiétudes au départ. Mais aujourd’hui, à la fin de l’année 2022, nous pouvons dire que nous sommes satisfait de l’évolution, tant au niveau des infrastructures sportives que des infrastructures non sportives.

S’agissant des infrastructures sportives, au niveau des stades de compétition, logiquement, à la fin de cette année, au plus tard au premier trimestre 2023, on devrait avoir terminé les travaux. Au niveau des stades d’entraînement, ça prendra un peu plus de temps parce que nous sommes concentrés sur les stades de compétition. Mais six (6) mois avant la compétition, les stades d’entraînement seront également terminés.

Au niveau de l’hébergement, la ville d’Abidjan ne pose pas de problème, puisqu’on y a suffisamment d’infrastructures hôtelières. Au niveau de Bouaké, on n’a pas d’inquiétudes, mais on aurait voulu être beaucoup plus serein. Mais le travail sera fait. Il y a la réhabilitation du RAN hôtel qui est en cours ; il y a un opérateur économique privé qui construit également un réceptif hôtelier de quatre à cinq étoiles. La ville de Bouaké regorge, du reste, de pas mal d’hôtels de deux à trois étoiles qui peuvent accueillir les visiteurs.

Qu’en est-il de la Cité CAN?

L’avantage de la ville de Bouaké, c’est non seulement qu’on y a une Cité CAN qui est terminée, mais plus, beaucoup de particuliers sont disposés à mettre leurs villas ou appartements à la disposition du COCAN pour accueillir des personnalités ou des supporters.

Au niveau de la ville de Korhogo, le problème de l’hébergement ne se pose pas, puisqu’on a là également une Cité, un hôtel CAN et des hôtels de trois à quatre étoiles qui peuvent recevoir toutes les personnes désireuses de se rendre dans cette ville.

A San Pedro, cité balnéaire, on a surtout sur le rivage des hôtels auxquels viendront s’ajouter de nouveaux réceptifs en construction.

Quel est l’état des lieux à Yamoussoukro, la capitale politique?

A Yamoussoukro, un programme a été mis en place par le gouvernement pour la réhabilitation de l’hôtel Président et de l’hôtel des Parlementaires. Selon le programme qui nous a été communiqué, les travaux devraient prendre fin à la mi-2023 ou au  plus tard en août 2023.

Tout baigne-t-il au niveau des infrastructures sanitaires?

Au niveau des formations sanitaires, le gouvernement avait initié déjà un Programme, bien avancé,  de réhabilitation et de construction de Centres Hospitaliers Régionaux (CHR), d’hôpitaux généraux et autres qui a bien avancé.

A Bouaké, il y a un léger retard, mais cela sera comblé très rapidement.

A Korhogo, le Premier ministre a lancé récemment un appel aux différents prestataires pour qu’ils accélèrent le travail, afin que nous puissions respecter les délais.

Un mot sur les accès routiers…

A ce niveau, un effort est également fait par le gouvernement. Le ministre de l’Entretien routier et de l’Equipement nous a certifié que tout sera livré à temps. Il était question, au niveau du stade d’Ebimpé, de faire une bretelle supplémentaire. Finalement, on a décidé de ne pas la faire et de laisser les accès tels qu’ils sont, mais en accélérant le travail de la voie 2X3 qui mène à ce stade. Les travaux de la Y 4 devraient également être terminés pour permettre un accès plus facile à ce stade. C’étaient les principaux points d’inquiétudes.

Pour les autres points, les Commissions travaillent d’arrache-pied pour qu’au niveau de l’organisation, on puisse être prêt. Les choses avancent. Le Premier ministre accorde une importance particulière à cela, puisque, tous les jeudis, nous avons une réunion avec les différents responsables pour que chacun fasse le point de ses chantiers, ce qui nous permet de corriger ou de réaménager le programme.

Où en est-on de l’Accord avec la Télévision ivoirienne ?

Un Accord doit être signé incessamment pour que la RTI soit désignée comme Radio Télé Diffuseur Hôte (RTDH). Cela ne devrait pas poser de problèmes majeurs. Les spécificités du matériel audiovisuel nous ont été communiquées.  La production revient à la Côte d’Ivoire, la partie diffusion à la CAF. Nous attendons la signature avec la CAF pour voir la partie qui lui revient et celle qui revient à la partie ivoirienne.

Dans tous les cas, en termes d’équipements, la Côte d’Ivoire sera prête.

Quel message aimeriez-vous passer au personnel du COCAN ?

D’abord, il faut féliciter les collaborateurs du COCAN, à tous les niveaux : Présidents de Commissions, Chefs de Projets, Chargés d’études, et  personnel administratif. Depuis que nous sommes arrivés, nous sentons chez toutes ces personnes qui consacrent de leur temps et de leur énergie à leurs tâches respectives une volonté de réussir, de répondre au vœu du Président de la République qui veut que la Côte d’Ivoire organise la meilleure des CAN qui n’ait été organisée sur le continent.

Nous-mêmes, nous avons essayé de créer un esprit d’équipe, un esprit de famille pour qu’on puisse travailler de manière détendue, mais en ayant l’œil fixé sur les objectifs et en apportant la rigueur nécessaire.

Quand l’équipe de la CAF est arrivée dernièrement, et en fonction des missions qui étaient assignées aux uns et aux autres, cette équipe de la CAF a eu un sentiment de surprise agréable de voir dans quel esprit le travail s’effectuait et comment nous avancions alors qu’elle avait quelques appréhensions et craintes.

Pour nous, c’est une fierté d’être à la tête de cette équipe, de voir des personnes dévouées. Au niveau des Commissions,  nous avons pris parmi les meilleurs fonctionnaires de l’Etat de Côte d’Ivoire. Quand vous avez avec vous, entre autres, le Directeur général de la Police pour la Sécurité, le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité Publique pour les Finances, le Directeur général de la Sodexam pour les Transports, le Président de la Fédération Ivoirienne de Football en tant que vice-président et chargé des relations avec la CAF, un membre de ladite Fédération qui est à la CAF depuis des années et qui s’occupe des compétitions ; chose qu’il a l’habitude de faire, je me dis que nous avons de bonnes personnes.

Comment s’est fait le recrutement du personnel?

Au niveau du personnel, nous avons recruté sur profils, sur dossiers. Et tous ces jeunes qui ont répondu aux appels à recrutement, qui nous viennent de l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS), du secteur privé ou d’autres secteurs publics, nous donnent entièrement satisfaction.

Vous revenez du Qatar où vous étiez il y a quelques semaines déjà. Quel était l’objectif de cette seconde visite ?

En 2017, en tant que ministre des Sports à l’époque, le gouvernement ivoirien avait signé un Accord avec le gouvernement du Qatar pour des échanges en matière sportive. Et il se trouve que le Qatar organise la Coupe du monde actuellement. Le Qatar, c’est un petit pays en superficie, en population, mais qui a d’énormes potentialités et d’énormes ressources. Une Coupe du monde nécessite de nombreux investissements, de nombreux équipements et de nombreuses infrastructures. Mais après, que fait-on de tout cela ?

Nous avons pensé qu’il était judicieux de prendre contact avec le Comité d’organisation de la Coupe du monde et avec le gouvernement qatari pour voir, en matière d’héritage qui fait partie des valeurs que le Qatar prône tout comme nous au COCAN 2023, ce que nous pouvons récolter de la Fédération qatari de football. Ce sont tous ces aspects-là que nous avons approfondis lors de cette mission qui s’est déroulée du 29 novembre au 6 décembre.

Monsieur le Président, que diriez-vous pour conclure cet entretien ?

La Côte d’Ivoire organise, pratiquement 40 ans après Côte d’Ivoire 84, une édition de la Coupe d’Afrique des Nations. Elle l’organise dans un contexte particulier : le Président de la République souhaite rassembler tous les Ivoiriens. La CAF souhaite que cette édition soit ouverte à tout le continent et veut en faire un motif de fierté dans l’organisation des grands événements sportifs.

Pour le réussir, il faut l’adhésion de tous : hommes politiques, société civile, hommes religieux, de toutes les composantes de la société ivoirienne. C’est cet appel à l’unité, à la cohésion, mais surtout à l’implication de chacun, à quelque niveau que ce soit, pour que la Côte d’Ivoire sache créer et offrir  un environnement propice au bon football, où l’hospitalité est de rigueur. Nous répondrons ainsi, non seulement aux attentes de la CAF, mais aussi du Chef de l’Etat.